Journal de bord de deux moussaillons du Sea Adventurer

Fiche technique

  • 122 passagers
  • 72 membres d'équipage + staff
  • 1 masseuse
  • 1 docteur

 

  • 61 cabines
  • 5 ponts
  • une salle à manger 
  • un lounge / salle de présentation
  • deux bars
  • une bibliothèque
  • un petit magasin de souvenirs
  • une clinique 
  • un fitness
  • wi-fi par satellite

 

Le bateau en chiffres

Longueur : 101,1 m

Largeur : 16,2 m

Tirant d'eau : 4,5 m

Propulsion : moteur à deux cyclindres diesel - 5200 chevaux, brise-glace

Vitesse de croisière : 12 noeuds

Canots de sauvetage : 4 de 50 places + 8 canots de secours

Zodiacs : 12

Année de construction : 1975

Pavillon : Bahamas

 

Jour 1 - le 26 décembre 2012

Point météo : 17h30, 15°, beau temps

 

17h42, on lève l’ancre et on file sur le canal de Beagle, petit bras de mer qui relie l’Atlantique au Pacifique. On fait la connaissance du staff, de l’équipage et des autres passagers autour d’un apéro de bienvenue.  Sur les 120 passagers, on est les deux seuls francophones. Les USA, le Canada, l’Afrique du Sud et l’Australie sont les nations les plus représentées. Toute la croisière se déroulera donc en anglais ! Beaucoup de couples, des familles, quelques jeunes, un autre backpacker. Dans le staff, un ornithologue, une historienne, plusieurs biologistes, une photographe et deux guides de kayak.

Nous découvrons également le bateau et notre jolie cabine tout confort. En cadeau, chaque passager reçoit une grosse parka jaune doublée d’une veste polaire… Quel luxe !

On nous annonce deux jours de mer avant de rejoindre le continent blanc. On sort sur le pont et on observe nos premiers oiseaux : des mouettes et des pétrels géants, ainsi qu’un manchot de Magellan qui nage tout près du bateau. On fait la connaissance de Randy et Aron, père et fils de Chicago, avec qui on se liera d’amitié.

La voix de Laurie, notre chef d’expédition, se fait entendre dans les haut-parleurs qui résonnent sur tout le bateau. On va alors vivre le classique exercice d’évacuation. Tout le monde sort sur le pont avec son gilet orange, en face de son canot de sauvetage. Les femmes et les enfants d’abord (ce n’est donc pas une légende) !! Ça semble bien rôdé, on a confiance.

Et puis c’est déjà l’heure du souper : 2 soupes à choix, 2 salades à choix, 4 plats principaux à choix (dont un végétarien) et deux desserts à choix. La classe !!! On sent que ça va être difficile de garder la ligne pendant les dix jours qui vont suivre. ;-)

Pour naviguer dans le canal de Beagle, tous les capitaines des bateaux de croisière doivent être secondés par un pilote, natif d’Ushuaia. A 23h, celui-ci descend du Sea Adventurer par une échelle de corde et rejoint la rive sur un chalutier qui est venu le chercher. Cela annonce donc la sortie du canal et l’entrée dans le fameux passage de Drake long de 650km, connu pour posséder les eaux les plus agitées et dangereuses du monde, car trois océans s’y rencontrent (Pacifique, Atlantique et Austral)… 

 

Jour 2 - le 27 décembre 2012

Point météo : 14h, 6°, brouillard, bruine, vent faible


On se réveille au son de la voix de Laurie dans le haut-parleur. Il nous annonce la météo et nous quitte avec un petit proverbe. On l’aime bien, notre chef d’expédition. Le bateau commence à osciller légèrement, il faudra s’y habituer.

Après le petit déj, on assiste à une première conférence sur les baleines qu’on est susceptibles de croiser sur notre route. Michael, le spécialiste des mammifères marins, nous apprend qu’on peut reconnaître une baleine au panache d’air qu’elle projette par son évent. Une baleine bleue peut souffler jusqu’à 10m de haut !

Michael nous parle ensuite de cartographie : longitudes, latitudes, pas facile de comprendre tous ces termes techniques en anglais… On apprécie la visite du poste de pilotage avec tous les outils du capitaine et de ses seconds. Le radar, le GPS, les cartes, le sextan, les compas, super intéressant !

Pour terminer la matinée, David l’ornitho nous parle des oiseaux d’Antarctique. Alors que Mathieu s’endort paisiblement, je m’efforce à comprendre les noms et les caractéristiques de ceux que je me réjouis tant d’observer. Les albatros, les pétrels, les sternes, et évidemment les pingouins et manchots !!

Après le délicieux dîner, sous forme de buffet, on sort sur le pont pour essayer de voir des animaux. Tout autour de nous, que de l’eau, de l’eau et rien d’autre. Des dizaines d’oiseaux volent autour du bateau : beaucoup de damiers du cap, quelques albatros, un pétrel. Au loin, nous apercevons 3 gorfous sauteurs qui progressent dans l’eau par petits sauts.

Le brouillard s’épaissit. On va dans notre cabine pour une petite sieste. On est réveillés par les haut-parleurs qui nous annoncent des rorquals communs. On arrive sur le pont trop tard, ça sera pour la prochaine fois…

Dans la salle de conférence, Carol l’historienne nous explique l’histoire de la chasse à la baleine en Antarctique. C’est très intéressant et les chiffres sont choquants. Depuis l’arrivée des premiers baleiniers en 1300, 1'432’862 baleines ont été tuées, sans compter celles qui ont coulé avant qu’on arrive à les attacher au bateau. Résultat : plus de baleine bleue en Antarctique…

Avant le souper, on reçoit des indications pour les sorties en zodiac et nos bottes de caoutchouc. Le capitaine et son équipe viennent nous souhaiter la bienvenue à bord. Cocktail et petits fours pour l’événement ! On s’habitue à ce traitement de faveur, pas désagréable !! Au souper, saumon et spaghetti aglio e olio, un délice ! Le chef autrichien et son équipe nous ravissent les papilles ! Mirela, notre serveuse roumaine attitrée nous apporte un dessert de plus, on est vraiment gâtés !

On regarde un documentaire sur des expéditions aux deux Pôles, on passe un petit moment sur le pont avec les damiers du cap et notre parka jaune puis on se met au lit en se réjouissant du lendemain.

 

Jour 3 - le 28 décembre 2012

Point météo : 7h30, 5°, dégagé, quelques flocons, vent faible

 

Pendant le déjeuner, le capitaine signale des rorquals communs non loin du bateau. Une grande partie des passagers court sur le pont. On observe alors la nageoire dorsale de ces monstres de 20m disparaître puis réapparaître à la surface.

Nous assistons à une conférence sur les pingouins et manchots que nous aurons peut-être la chance de rencontrer pendant la croisière. Mathieu apprend avec tristesse qu’on ne verra pas le manchot empereur, qui vit de l’autre côté du continent blanc.

La fatigue nous gagne, le temps passe lentement, on fait des siestes… Carol propose une conférence avec plein de dates sur les expéditions menées en Antarctique, j’ai du mal à me captiver. Après le dîner, on sort sur le pont. Deux manchots à jugulaire nagent à côté du bateau. On se réjouit vraiment de pouvoir poser le pied à « terre », après deux jours complets passés sur le bateau. L’après-midi, nous avons une sensibilisation au comportement à adopter lors des sorties : ne pas s’approcher à plus de 5m des animaux, ne pas utiliser les « autoroutes » construites et utilisées par les pingouins, nettoyer tout son matériel et ses vêtements avant et après les débarquements pour ne pas risquer d’importer des espèces invasives.  S’en suit alors une «séquence aspiration» de tout le matériel que nous souhaitons emmener à terre. Moment assez rigolo…

Sur le pont, on a la chance d’observer deux rorquals communs puis des baleines à bosses, beaucoup moins farouches, qui viennent nager autour du bateau. Pour la première fois, elles nous laissent voir leur queue et leurs nageoires… Quelle émotion !! La neige se met à tomber, c’est féérique.

Krystle, la photographe, nous donne plein de conseils pour les photos qu’on va prendre lors de nos sorties. Les paysages, les animaux, les options à utiliser ou non, ça sera très utile. On apprécie vraiment le service !

 Ensuite, nous participons au «récap», petit moment quotidien récapitulatif de la journée qui nous permettra aussi de savoir le programme du lendemain. Et c’est avec un bonheur non dissimulé que Laurie nous dit que nous ferons notre premier « atterrissage» (de landing en anglais), en début de matinée. Pour finir la journée en beauté, juste avant le souper, on aperçoit par un hublot le tout premier iceberg !! Eh oui, le continent approche…

Une petite tempête se lève, une nuit un peu mouvementée s’annonce… ;-)

 

Jour 4 - le 29 décembre 2012

Point météo : 7h, 3°, découvert, pas de vent


Laurie nous réveille à 7h du matin en nous annonçant une magnifique journée, sans brouillard ni vent, quel bonheur !!

Après le petit déjeuner, l’ancre est jetée et on s’équipe de la tête aux pieds pour notre premier «atterrissage». Non loin du bateau, une petite île coiffée d’un drapeau argentin abrite plusieurs colonies de manchots papous. Nous sommes tous invités à monter dans les zodiacs pour rejoindre l’île. Notre première impression est olfactive : une forte odeur de guano de couleur rose clair (!), vient chatouiller nos narines. Puis on aperçoit très rapidement les manchots nichant sur des tas de pierres qu’ils ont eux-mêmes regroupées aux endroits déneigés de l’île. On progresse en s’enfonçant dans la neige ramollie, les larmes aux yeux, tant l’émotion de fouler ce continent est grande.

Un peu plus loin, on aperçoit une masse foncée, couchée près de l’eau. On s’approche et on découvre un phoque de Weddell qui fait la sieste. On s’assied et on l’observe un bon moment. Il s’étire, nous regarde, change de position, se demandant certainement qui sont ces drôles de canaris géants en parka jaune. Plus loin, deux autres phoques de la même espèce se prélassent sur la glace. En s’approchant, nous apercevons qu’il y a aussi un jeune d’environ une année. Il est trop chou avec ses gros yeux noirs. On reste un grand moment à l’observer avec Krystle, la photographe du bateau. En face de nous, des pans de glace tombent dans l’eau avec fracas, ce qui crée même un mini-tsunami qui nous oblige à nous éloigner de la plage.

Il est déjà temps de partir… Un skua brun essaie de voler leur œuf aux manchots, qui se défendent bien. C’est rigolo de les voir se déplacer en sautant, marchant ou glissant sur la glace. Ils sont si maladroits ! A force d’utiliser toujours le même chemin, ils créent des couloirs dans la neige, des sortes d’autoroutes à manchots qui facilitent l’accès à la mer.

Retour sur le bateau pour le dîner, puis on enchaîne directement avec une deuxième sortie, en zodiac cette fois-ci. Krystle nous emmène voir les magnifiques icebergs de la zone. En chemin, Laurie contacte toutes les radios pour signaler une baleine de Minke. Malheureusement, nous arrivons trop tard. Par contre, les baleines à bosse viennent faire le show autour des embarcations. Incroyable ! Elles sont au moins 6 à tourner autour des zodiacs, à apparaître et disparaître, expulsant parfois bruyamment l’air par leur évent. On dirait qu’elles jouent avec nous. Elles plongent sous les bateaux en montrant leur queue, c’est absolument magique !

Puis, nous allons observer quelques beaux icebergs bleus, presque noirs, taillés comme des boules à facette ou formant des arches.

Des manchots papous viennent  nager en sautant autour du bateau. Ils vont si vite, impossible de les prendre en photo…

Puis nous rentrons sur le Sea Adventurer, ravis de notre après-midi. Après un petit 4 heures (thé, pâtisseries), on descend visiter la salle des machines avec Palmer, le chef machiniste bulgare. Ils sont 14 à bosser jour et nuit pour que le bateau avance. Nous ne comprenons pas tout, mais nous sommes impressionnés par la taille, le vacarme et la complexité des machines.Peu après le souper, alors que nous nous préparons à aller au lit, Laurie prend le micro et nous annonce une superbe nouvelle qui va faire sortir les 120 passagers et les trois-quarts des membres de l’équipage sur le pont : une dizaine d’orques nagent à l’avant du bateau. Celles-ci ne semblent  pas effrayées et nous avons la chance de les observer un long moment. Un épaulard s’amuse avec un albatros franchement pas craintif. On pourrait croire qu’ils jouent au chat et à la souris. Selon toute vraisemblance, étant donné que les oiseaux ne font normalement pas partie du régime du cétacé, l’orque est en train d’entraîner son petit à chasser. Après nous avoir fait courir à gauche et à droite, le groupe d’orques finit par s’éloigner du bateau en formant une ligne impressionnante d’ailerons pointés vers le ciel.

 

Jour 5 - le 30 décembre 2012

Point météo : 5h, 5°, couvert, soleil qui perce, pas de vent


Réveil aux aurores pour une journée bien chargée. Mathieu s‘est déjà réveillé à 4h car le bateau a traversé une zone où l’eau était recouverte de morceaux de glace. Ce qui faisait beaucoup de bruit… paraît-il… ;-) On embarque directement dans les zodiacs et on pose pour la première fois le pied sur le continent Antarctique, à Neko Harbour. En effet, nous n’avions marché uniquement sur des îles jusqu’à présent. Une grande colonie de manchots papous peuple le petit port. On aimerait les voir glisser sur la pente raide qui conduit à l’eau mais ils préfèrent marcher. Nous aussi, nous marchons une vingtaine de minutes pour rejoindre un point de vue sur la petite crique où le bateau a jeté l’ancre. Les glaciers environnants sont impressionnants et des blocs menacent de tomber. Le soleil perce entre le glacier et la couche de nuage, c’est magnifique. Sur la descente, nous optons pour une glissade, plus rapide et rigolo !

De retour sur le bateau, nous déjeunons et le Sea Adventurer se dirige vers le Canal Lemaire pendant que nous regardons une autre partie du documentaire. Pour le dîner, nous avons la chance de profiter d’un barbecue sur le pont du bateau. C’est bien agréable de traverses le canal (11km de long et de 800m à 1,6km de large) avec le soleil qui tente quelques percées. En contre-bas, quelques phoques crabiers se prélassent sur des petits icebergs.

L’après-midi, nous renfilons notre équipement et nous partons visiter la petite île de Petermann où des colonies de manchots papous cohabitent avec des manchots Adélie. Ils sont super marrants, ils se déplacent la plupart du temps à plat ventre, en s’aidant de leurs petites nageoires. Nous avons beaucoup de chance d’arriver juste après la période d’éclosion et nous entr’apercevons des petites boules brunes, âgées de quelques jours à quelques semaines, cachées sous le ventre des parents… Adorable !!! Des cormorans aux yeux bleus nichent au milieu des manchots avec de jolis bébés eux aussi. De l’autre côté de l’île, on voit une baleine à bosse dans la crique, des sternes et deux becs-en-fourreaux. Une super sortie, une fois de plus !

Après les 4 heures, l’apéritif, le récap de la journée et le souper (impossible de mourir de faim sur le bateau), une dernière petite promenade sur le pont nous fait profiter de magnifiques couleurs sur la neige et les montagnes.

 

Jour 6 - le 31 décembre 2012

Point météo : 8h, 3°, beau, découvert, venteux


Dernier jour de 2012 ! Le bateau est amarré dans la Dorian Bay et après un bon petit déjeuner, on prend le zodiac en direction de Jugla Point, une petite île où nichent des colonies de manchots papous. Nous nous promenons sur l’île à la recherche de bébés. On aperçoit parfois une petite tête brune qui émerge de sous le ventre de sa maman ou de son papa. D’autres bébés sensiblement plus âgés ont revêtu leur plumage duveteux de jeunes pingouins et quémandent sans cesse de la nourriture… Pauvres parents ;-) Comme la veille, des cormorans aux yeux bleus ont aussi des petits, en moyenne deux par nid. Ils cohabitent assez volontiers avec les papous et les Adélie. Plus loin, dans une petite crique, deux phoques de Weddell se reposent sur la plage. Nous reprenons le zodiac pour faire les quelques mètres qui nous séparent de Wiencke, le petit îlot où se trouve la Station britannique d’études antarctiques. Des tas de papous nichent autour de la cabane et cohabitent avec les 4 volontaires qui résident à la station pour une durée de 4 mois. Leur travail consiste à mener à bien quelques études et restaurer le matériel utilisé par les scientifiques sur la base entre 1944 et 1962. Ils ont constitué un petit musée pour montrer les conditions de vie des scientifiques à l’époque. Tout est bien conservé, même les raquettes à neige, plutôt old school !!

A côté, il y a un petit magasin où on peut trouver des souvenirs et les fameux timbres britannico-antarctiques, uniques au monde ! On envoie donc quelques cartes postales avec le tampon «Port Lockroy». A la sortie du bâtiment, plusieurs becs-en-fourreaux, des oiseaux rigolos tout blancs, avec des plumes qui ressemblent à de la fourrure toute douce. D’impressionnants squelettes de baleines sont visibles sur la plage.

En début d’après-midi, nous nous déplaçons jusqu’à Danco Island, au sud du Canal Emera. Depuis la plage, petite randonnée dans la neige jusqu’au sommet, où on a profité d’une super vue à 360°. Tout autour, des glaciers, des icebergs, toujours différents, jamais lassants… Au sommet de la colline, à 200m d’altitude, niche une colonie de manchots papous. Après avoir pêché, ils doivent remonter toute la pente jusqu’à leur nid. Que ce doit être épuisant avec de si petites pattes ! Heureusement qu’ils ne s’enfoncent pas comme nous, qui en avions parfois jusqu’aux cuisses… Deux cents mètres de descente sur les fesses, ça allait vraiment vite, on a bien rigolé.

De retour sur le bateau, certains ont pris leur courage à deux mains et ont enfilé leur maillot de bain pour faire le grand saut dans l’océan gelé ! Attachée par la taille, j’ai dû mettre mon cerveau sur off pour me lancer. Aïe, aïe, aïe, je n’ai jamais rien connu d’aussi froid ! Danielle m’a tendu un linge et un shot de vodka bien mérités, puis j’ai filé sous la douche chaude ! Mathieu, un peu grippé, prenait tranquillement des photos depuis le pont supérieur du bateau.

Après le récap, Dan nous donne d’intéressantes informations sur les orques et les différentes sous-espèces récemment découvertes. Les tables du souper sont joliment décorées et les serveurs se sont mis sur… leur 31, pour l’occasion !

La soirée est animée par le staff, on fait des jeux d’impro rigolos et à 23h des sushis et des cocktails sont servis. Une heure plus tard, c’est au champagne qu’on se souhaite la bonne heureuse. La soirée finit très tard, même très tôt pour Mathieu qui termine la sienne à la fête privée du personnel !

 

Jour 7 - le 1er janvier 2013

Point météo : 6h30, 5°, vent, vagues, pluie, maussade et froid


Réveil très difficile à 6h30 pour aller observer le capitaine manœuvrer le bateau à l’entrée du Neptune’s Bellows, le canal étroit pour rejoindre Port Foster, qui se situe en fait dans le cratère d’un volcan. La vue sur la plage des baleiniers est absolument insolite, on n’a rien vu de pareil jusqu’à présent. Une immense plage plate de sable noir volcanique, avec beaucoup de ruines de bâtiments qui ont servi aux baleiniers dans les années 1900. Des gigantesques tonneaux métalliques et d’autres réservoirs intrigants, tout rouillés, donnent un aspect surprenant au lieu. Nous nous promenons le long de la plage en compagnie de quelques manchots papous et à jugulaire. Nous passons à côté de goélands dominicains et de skuas couchés sur leur nid. Quelques épaves de barques en bois et des os de baleines nous rappellent à quelle fin était utilisée la plage. Nous marchons jusqu’à l’impressionnante falaise de caldera, puis nous nous élevons jusqu’à la Neptune’s Window, une belle ouverture sur l’océan dans la paroi de pierre. Des damiers du cap nichent dans la falaise. Des cendres du volcan recouvrent le sol. De retour sur la plage, nous récupérons un krill (sorte de petite crevette transparente) échoué. Incroyable de se dire que cela représente la principale nourriture des phoques, des pingouins, des baleines et des oiseaux de l’Antarctique.

Après le repas, nous observons le joli spectacle de 6 rorquals communs qui nagent près du bateau. L’après-midi, on découvre Half Moon Island à l’occasion de notre dernier débarquement. Au programme, des goélands dominicains et leurs magnifiques bébés tout gris, de véritables petites boules de duvet ; des colonies de manchots à jugulaire et surtout, la star du jour, un individu perdu tout seul au milieu des petits manchots noirs et blancs : un gorfou doré (appelé aussi macaroni) !

Quelle chance nous avons de pouvoir l’observer ! Il porte à 6 le nombre d’espèces de manchots vus en Antarctique. Cela fait 6 à 7 ans qu’il vit seul avec cette colonie de manchots à jugulaire et on peut toujours l’observer au même endroit ! David le repère rapidement, même s’il nous tourne le dos la plupart du temps. Ses magnifiques sourcils dorés ajoutent un bel éclat de couleur dans cette masse bicolore. En retournant au zodiac, nous décidons de nous asseoir dans la neige pour profiter encore un moment du spectacle de glissades, de sauts et de chutes que nous offrent les manchots. En posant le pied dans le zodiac, on se rend compte que c’est notre dernière sortie et l’émotion se fait ressentir. Difficile de trouver les mots pour décrire cette aventure si unique, tellement différente de tout ce qu’on a fait et vu jusqu’à présent, remplie de surprises au quotidien, de découvertes, sur un continent si sec et si riche à la fois. Bref, des moments qu’on n’oubliera jamais.

En fin de journée, Laurie récapitule tout ce qu’on a fait depuis notre départ d’Ushuaia… Il nous dit à quel point on a eu de la chance de parcourir autant de distance, grâce au beau temps !

 

Jour 8 - le 2 janvier 2013

Point météo : 11h, 5°, mauvais temps, grosses vagues

 

Vraiment fatigués, nous profitons de l’absence de réveil pour nous reposer jusqu’à 10 heures. La mer est très agitée et je ne me sens pas très bien. Les vagues viennent s’écraser sur le hublot et le bateau fait des bruits impressionnants en s’écrasant sur l’eau. Tout cela coïncide évidemment avec l’entrée dans le fameux passage de Drake…

Après, le dîner, Michael nous fait un petit exposé sur les phoques de l’Antarctique. Très intéressant d’en savoir plus sur ces curieux animaux, dont certains sont beaucoup plus agressifs qu’ils en ont l’air. Il n’est pas rare que les léopards de mer, par exemple, s’attaquent à des bébés phoques d’autres espèces. Dur dur ! Leurs seuls ennemis sont les orques, dont les attaques sont vraiment impressionnantes. En petit groupe, ils passent à plusieurs reprises sous l’iceberg où le phoque est couché pour former une vague, faire vaciller le bloc de glace, déstabiliser le phoque et le faire tomber dans l’eau. Subtile et cruel !

Avant le souper, nous écoutons avec grand intérêt les récits de Laurie sur la traversée de l’océan arctique à ski qu’il a effectuée quand il avait 42 ans avec un groupe canado-russe. 91 jours avec 40 kilos sur le dos, après plusieurs mois de préparation draconienne et pleine de surprises dans une base spatiale soviétique à l’époque !! Il nous impressionne vraiment, on a eu de la chance de l’avoir comme chef d’expédition.

 

Jour 9 - le 3 janvier 2013

Point météo : 15h, 11°, un peu couvert, pas de vent


Dernière journée dans le passage de Drake, les icebergs ont disparu, laissant la place à l’immense étendue d’eau de l’océan. Il n’y a plus que les oiseaux qui tournent autour du bateau. Des pétrels, des albatros et beaucoup de damiers du cap. On s’éloigne définitivement du continent blanc.

Nous qui rigolions de voir la majorité des passagers avec leur petit patch rond collé derrière l’oreille, on les envie maintenant et on prend quelques pilules anti mal-de-mer. Aïe aïe aïe ! Et dire que les membres du staff rigolent et nous assurent qu’on traverse un passage de Drake anormalement calme, avec une agitation de 3/10, pas davantage !!! On titube dans les couloirs pour rejoindre la salle principale.

David nous présente un dernier exposé sur le comportement des oiseaux. Je suis complètement captivée alors que Mathieu n’a pas le courage de suivre. Pendant ce temps, des passagers ont la chance d’observer un banc de dauphins obscurs qui viennent nager tout près du bateau. Quelle chance !!! Un peu déçue de les avoir ratés, je me plante sur le pont, bien décidée à en voir moi aussi. Finalement ma patience paie, j’aperçois un dauphin qui saute à quelques dizaines de mètres du bateau. Trop loin pour faire une jolie photo, mais je suis quand même contente de ces quelques secondes de magie.

Après le dîner, on regarde le dernier épisode de Frozen Planet et on se repose dans notre cabine.

En fin de journée, le capitaine Olev vient nous faire un discours d’au revoir émouvant et nous réalisons de plus en plus que l’aventure touche à sa fin. Tout le staff de Quark Expeditions s’est habillé très classe pour l’occasion. Une petite séance photo s’impose.

Nous entrons alors dans le canal de Beagle et nous retrouvons avec grand bonheur des eaux plus calmes. Le pilote rejoint le capitaine sur le pont pour la traversée du canal.

Une petite fête de fin de croisière est organisée dans le salon principal. L’ambiance est détendue, tout le monde rigole, joue ensemble, boit des verres, on passe un super moment. On finira à 10, au petit matin, à danser le limbo avec le staff et le chef machiniste déchaîné. On apprendra le lendemain matin que quelques insomniaques ont pu voir nous prouesses de danseurs sur la TV de leur cabine,  grâce à la caméra du lounge qui était restée allumée. ;-)

 

Jour 10 - le 4 janvier 2013

Point météo : 9h, 12°, beau temps, pas de nuages

 

On se réveille tard après cette très courte nuit. Petit déjeuner express dans la salle presque vide. Tout le monde est déjà prêt pour le débarquement. En préparant nos affaires, nous constatons que nous sommes arrivés à Ushuaïa. Une certaine agitation anime le navire car beaucoup de passagers prennent le premier vol de l’après-midi pour rentrer chez eux. De notre côté, pas d’avion, pas de bus, pas de stress… pour l’instant. On en profite pour dire au revoir aux gens avec qui nous avons sympathisé. Nous remettons un de nos petits couteaux suisses à notre femme de ménage de Lima avec qui nous avons aimé discuter en espagnol et qui nous a tous les jours gâtés avec un petit chocolat sur l’oreiller. Dernier échange d’e-mail, dernières accolades et il est temps de descendre du Sea Adventurer qui nous a fait vivre tant d’émotions. On grimpe dans un bus qui nous pousse dans le centre. Après un dernier petit chocolat chaud avec Aaron et son papa Randy au centre-ville, nous reprenons nos activités de globetrotter et nous nous mettons à la recherche d’un billet de bus pour le Chili… 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    mam's (lundi, 04 mars 2013 22:06)

    Captivant récit de ces 10 jours entre gris et bleu !
    Superbes images des habitants de cette immensité blanche !
    Trop chou le petit phoque aux yeux noirs !
    Nos mirettes se sont régalées...
    Merci de nous avoir fait découvrir ce paradis glacé dans l'ambiance chaleureuse du Sea Adventurer !

  • #2

    Aron (vendredi, 08 mars 2013 03:58)

    Good thing for Google Translate! So great to re-live Antarctica through your blog! I hope the rest of your travels are going well.

  • #3

    Etienne (samedi, 09 mars 2013 08:38)

    Eh bé !! Ça donne envie !!